'Ah, plus de beurre, reste 2 plaques'signale le chef. Qu'a cela ne tienne, nous irons demain. Pour cela, il faut un minimum d'organisation, car on ne trouve pas de beurre a la ville voisine, a 20km. On empoigne donc le téléphone :
- Pasteur, bonjour, c'est kati. un collectif peut passer nous chercher demain matin ?
- Ya, quelle heure ?
- - 7h30
- - - Ya.
Et le lendemain matin, armée de ta glacière, tu descends au ponton,
et tu attends le collectif, qui vient te chercher a domicile, ce qui t'évite d'aller au port
(photo prise sur l'excellent site http://www.normada.com/ankify.htm). Eh oui, pour acheter ton beurre, tu prends le bateau, une coque qui prend 12 passagers, pour les amener à Nosy Be, 35 mn de traversée. En pleine mer, tu tends ton visage au vent, tu regardes les pirogues au loin, et là, tu vois une gigantesque queue de baleine disparaitre dans la mer……..
Quelques jours plus tard, tu as rendez-vous en ville avec le chef du centre fiscal pour payer ton acompte sur les impôts 2011. Le centre fiscal est une petite maison au fond d’une cour, agrémentée d’une terrasse couverte, par laquelle tu accèdes aux bureaux. Il est 9h du matin, il fait déjà 33°…. Tu te gares, te diriges vers l’entrée, et tu découvres que Mr le Percepteur en chef avait chaud, lui aussi, et a donc installé son bureau, sa machine à écrire et ses dossiers sur la terrasse ……..
Un taxi tombe en panne devant la porte de l’hôtel. Tu le connais bien, ce taxi, c’est Yvon, le rasta, gentil et serviable comme pas deux, mais qui est plus souvent en train de fouiner dans son moteur qu’assis derrière son volant…… Yvon, donc, plonge le nez dans son moteur, ses passagers, deux américains, prennent leur mal en patience, transpirent vaillamment en plein soleil. Ton homme, Zita et toi, embusqués dans votre bureau en contrebas, prenez des paris sur la durée de la réparation….. Enfin Yvon claque le capot, s’installe derrière son volant, dit quelques mots à ses clients. Qui vont se placer derrière la voiture, et commencent à pousser….. Survient une fusée : Georges ( vous vous souvenez de Georges ? Je vous en ai parlé, là – clic -), penché sur son pédalier, qui mouline de toutes les forces de ses bras….. et le fauteuil roulant dépasse en trombe le taxi poussif. Nous trois, sans pitié, écroulés de rire ……………….
6h15 ce matin. Pin’s
se réfugie en courant sous le lit. Nous sortons voir d’où vient cette panique. Un mouvement sur la poutre en haut de la terrasse. Je rentre en courant récupérer mon appareil photo, trop tard….. ils ont déjà bondi dans l’arbre voisin, un couple de lémuriens, magnifiques. Je sais maintenant ce qui a inspiré le marsupilami.Et demande a été faite en cuisine de me donner une provision de bananes, pour pouvoir les approcher, demain, peut-être ............
L’été est là, bien installé. Les flamboyants commencent à …. Flamboyer.
Et c’est aussi la saison des cigales. Pas les crin crin que l’on peut entendre en Provence. Ici ce sont d’énormes papillons bleus, dont le corps est gros comme un gros pouce,
et qui émettent une stridulation stridente, à tel point que depuis 15 jours nous avons le sentiment de vivre dans une scierie industrielle, sans exagération. L’autre soir, j’ai vu un des cuisiniers les attraper, et leur arracher les ailes ….. Plus tard, arrivant dans la cuisine, je me suis enquise de ce que serait le repas des employés…… »Ca » me dit Justin, avec un grand sourire : un ragoût aux cigales. Je me suis enfuie en courant.
Hier soir, l’Homme engage une partie d’échecs effrénée avec Maria, une italienne qui séjourne chez nous depuis 8 jours. Francesco, son ami, et Zita, notre réceptionniste, surveillent la partie. Devant une telle concentration de part et d’autre, je me suis enquise de l’enjeu de la partie.
« Très simple, répond l’homme, l’œil pétillant, le perdant mangera des cigales demain soir »
Une heure plus tard, j’ai entendu Maria hurler, le « huhuhu » du fou-rire de mon Jules, de grands éclats de rire de la part de tous les clients : Maria a perdu la partie ……
Je sors préparer la gamelle de Pin’s ; Je prends le sachet contenant un morceau de pain, un truc en tombe. Je n’ai pas mes lunettes. Je colle mon nez sur ce ruban noir qui se déroule paresseusement : un serpent, qui se coule sur le béton, et disparait. Je raconte mon aventure à Victoria, ma voisine, qui s’enquiert :
« il était dedans, ou dehors ?
- Dehors
- Allora, tout va bene ; Il te protège.
Oui, tout va bene.